VOYAGE À TRAVERS LE PLUS GRAND LAC SALÉ DE LA TERRE
17/09/2015
17 septembre 2015
Une folle randonnée à vélo à travers l'Amérique du Sud met la condition physique et l'équipement des collecteurs de fonds de World Bicycle Relief, Lena et Hardy, à rude épreuve.
Nous avons laissé La Paz derrière nous depuis des semaines. Nous naviguons toujours vers le sud à travers l'arrière-pays de l'Altiplano bolivien. Et tout à coup, il est devant nous : le salar d'Uyuni, le plus grand lac salé de la planète. Nous sommes sur la dernière colline pierreuse et la vue du sel nous bouleverse. Plus de 10.000 km2 d'un blanc étincelant engloutissent l'horizon. Depuis combien de temps nous spéculons sur la sensation de rouler sur du sel, et maintenant cela va enfin arriver. En route pour l'irréalité ! Ce que la terre nous réserve pour les jours suivants est incomparable. Devant nous, à plus de 3.600 m d'altitude, il n'y a pas seulement une quantité incroyable de sel, mais aussi un itinéraire de 11 jours à travers les paysages désertiques de lagunes et de déserts du sud-ouest de la Bolivie, qui s'étend jusqu'à San Pedro de Atacama au Chili.
Le sel crépite et craque sous les pneus. Nous évitons les traces de jeep pour pouvoir être vraiment seuls. Heureusement, nous percevons une jeep à des kilomètres de distance. Elles nous ont semblé aussi petites que des fourmis. C'est incroyablement calme, l'air est sec et clair. La nuit au milieu du désert de sel sera l'une des plus impressionnantes de tout le voyage - la voûte étoilée scintillante se pose sur nous comme une cloche et se termine tout autour de nous dans le blanc. Nous sommes sans voix. Les deux premiers jours sur le sel étaient à savourer. Maintenant, 400 km de désert d'altitude absolument sans végétation nous attendent. Il faut monter jusqu'à 5.000 m d'altitude, avec des températures allant jusqu'à -20°C et peu de postes de ravitaillement - un test de résistance absolu pour notre condition physique, notre matériel et aussi pour nous en tant qu'équipe. Mais nous sommes bien préparés, car nous portons 25 kg de nourriture dans nos sacs et sommes accompagnés d'un sentiment d'émerveillement. Les journées sont extrêmes. Tiraillés en permanence entre la souffrance et la joie, entre la lutte et la fascination, cet itinéraire nous pousse à nos limites comme jamais auparavant. Nous poussons et tirons nos vélos de 65 kg pendant des heures dans le sable, nous nous battons et crions contre le vent et nous désespérons de monter notre tente - sans protection contre le vent, rien n'est possible.
La nuit, l'eau se transforme en glace si nous ne la gardons pas contre nous, des morceaux de plastique se brisent, du sable se dépose dans la pompe à air et nous ne pouvons plus gonfler nos pneus à plat. En même temps, l'itinéraire nous fait découvrir des sites naturels de première classe. Notre circuit extrême nous fait passer devant des centaines de flamants roses dans des lagunes à couper le souffle, des geysers fumants et bouillonnants, d'imposantes chaînes de volcans, et des sources chaudes où nous ne nous priverons pas de nous baigner la nuit. Les couleurs de ces paysages sont difficiles à décrire avec des mots. Après neuf jours, nous arrivons épuisés à Migración. Nous laissons ainsi la Bolivie derrière nous et nous trouvons maintenant sur le sol chilien. Les douaniers nous regardent avec incrédulité. "La semaine dernière, nous avons eu ici le vent le plus violent de toute l'année - et vous arrivez à vélo ?" Oui - et pour nous, c'était le vent le plus violent de notre vie. Quelques kilomètres après la frontière, nous tombons sur la première route goudronnée après avoir passé entre-temps cinq semaines sur des pistes de sable et de gravier. Nous nous réjouissons comme des petits enfants et tombons à terre. Lena et Hardy ont parcouru l'Europe et l'Amérique latine avec Supernova en 2012 et 2013. Leur tournée leur permet de récolter des fonds pour l'organisation World Bicycle Relief, afin de mobiliser des personnes dans des régions en développement avec des vélos. Vous trouverez plus d'histoires et de photos ainsi que des informations sur leur projet de collecte de fonds sur :
texte : Lena Kleine-Kalmer | Photos : Hardy Hande
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